Chronique 91 : Personne ne gagne de Jack Black

2017 - Monsieur Toussaint Louverture - 470 pages 

Résumé : De San Francisco au Canada, de trains de marchandises en fumeries d'opium, d'arnaques en perçages de coffres, du désespoir à l'euphorie, Jack Black est un voleur : parfois derrière les barreaux, toujours en cavale. Avec ironie, sagesse et compassion, il nous entraîne sur la route au tournant du XXe siècle. Personne ne gagne est une hymne à une existence affranchie des conventions. Qu'il soit hors-la-loi, opiomane ou source d'inspirations pour Kerouac et Burroughs, qu'importe, qu'il vole au devant de la déchéance ou qu'il flambe comme un roi, qu'importe, Jack Black n'est guidé que par son amour de la liberté. C'est dur, c'est brut, c'est profondément américain. Black est peut-être un vaurien, il est surtout un conteur qui, sans jugement, joue avec son passé afin de nous remuer et de nous remettre sur le droit chemin. 

Mon avis : Comment ne pas être emballée par ce résumé? impossible de résister ! On suit Jack Black à l'aube du XXe siècle, dans une Amérique encore un peu sauvage, et on le regarde, tel un ami, virer vers les problèmes. 

Avant de vous parler de l'histoire, j'aimerai revenir sur deux choses. La première, la maison d'éditions Monsieur Toussaint Louverture, que je ne connaissais pas avant de tomber sur ce livre. C'est une jeune maison née en 2004 et qui a pour but, de rééditer des livres oubliés. J'adore cette idée ! Le second élément, qui est en corrélation avec le premier, est que Personne ne gagne, avait déjà été publié en 1932 sous le titre "Rien à faire ... souvenirs d'un cambrioleur américain". 

Je n'ai pas grand chose à dire qui n'a pas été déjà dit dans le résumé. Mais je vais reprendre les grandes lignes et vous donner mon avis. 

D'abord, l'écriture m'a emportée. Je ne sais si c'est la traduction ou la plume de Jack Black, mais j'ai trouvé les mots à la fois simples mais bien choisis. Jack Black est un homme simple, mais il aime lire et je pense qu'il apprécie aussi écrire, ça se ressent quand on le lit. Il n'y a pas de fioritures, ça se lit bien, c'est doux. 

L'ambiance est incroyable ! Quand je lisais, je sentais le charbon des trains, la sueur de la peur et du travail, j'avais de la poussière dans les yeux, le bruit de la locomotive dans les oreilles, le feu qui me brûlait la peau, j'entendais au loin le hennissement des chevaux et la voix de Jack qui me disait de déguerpir avant que la "flicaille" n'arrive ! C'est là toute la puissance de ce livre, c'est un voyage dans le temps, dans une vie. 

Jack Black ne juge pas ses actes, ni ses amis, ni la justice, ni la société, personne n'est jugé, car personne ne gagne au final. Il nous fait le récit de sa vie, de comment il l'a mené. Il n'a pas de regrets, c'est juste sa vie et il veut la faire partager. Parfois, il a des prises de consciences et c'est intéressent de voir son évolution. 

"Pourtant, l'idée de me retirer, de prendre un nouveau départ, ne me vient jamais à l'esprit. Ma vanité juvénile, cette confiance excessive qui naît de l'ignorance, me soufflait que je pouvais gagner à un jeu dangereux et pervers où personne ne gagne. Au lieu de réfléchir et de faire un bilan lucide, je partis avec joie en quête de nouvelles aventures." 

"Mais non, j'étais un aventurier; j'avais suivi un long et consciencieux apprentissage; ma fierté - je ne trouve pas d'autre mot - de voleur m'interdisait d'accepter de l'argent pour avoir tiré Chew Chee des griffes de notre ennemi commun, la loi."

"Chacun de nous doit être trempé comme l'acier. Si quelqu'un a choisi la flamme qui allait le façonner, je suis reconnaissant d'avoir été fait d'un métal assez solide pour la supporter."

Je ne sais pas quoi ajouter de plus, j'ai adoré voilà tout ! Je le recommande fortement, c'est une belle aventure avec une personne attachante. C'est un superbe témoignage d'une période que l'on connaît encore mal. C'est un voyage, de l'autre côté, décrit par la société comme "mauvais". C'est la rencontre avec un univers digne d'un western. 

Ma note : 19/20