Lettres à mes inspirations #1
Chère Simone,
Madame, je me permets de
vous écrire et j'espère que vous recevrez cette lettre, où que
vous soyez. J'écris ces quelques mots pour vous exprimer ma grande
admiration. Vous m'impressionnez et même si je ne vous ai pas en
face de moi je ne suis pas totalement à l'aise dans mes mots, je les
pèse soigneusement et j'essaye de ne pas être trop familière,
j'essaye de ne pas vous sauter au cou, car voyez-vous je vous aime
beaucoup.
Je regrette de ne jamais
vous avoir rencontrée. Je le regretterai toute ma vie. Vous m'avez
pris de court. Votre décès m'a touché, j'ai porté votre deuil,
nous avons tous et toutes perdu beaucoup.
Je suis désolée de vous
apprendre que je n'ai pas souvenir de notre rencontre, je suis
désolée de vous apprendre qu'avant de vous connaître je vous
confondez avec une autre Simone, Madame de Beauvoir. Mais je ne suis
pas désolée de vous dire que j'ai dévoré votre vie, de votre
enfance jusqu'à votre mort, j'ai tout lu sur vous ! Je
n'évoquerai pas le moment qui m'a le plus marqué, il est difficile
pour nous deux. Je dois quand même jouer l'historienne et la
gauchiste mémorialiste, vous étiez un témoin précieux de nos
jours noirs, je n'oublierai jamais ce que vous avez vécu et je vous
citerai toujours en exemple aux ignorants antisémites. Voilà, j'ai
évoqué le plus dur.
Vous avez été fille,
sœur, survivante, femme, étudiante, mère, juriste, politicienne
puis féministe aussi, un peu malgré vous. Je crois et je pense que
vous serez d'accord avec moi pour dire que vous avez eu un lot de
malheur plus gros que le bonheur. J'ai les larmes aux yeux rien que
d'imaginer les événements qui ont brisé plusieurs fois votre vie.
Car on ne peut pas parler de vous sans parler de ce qu'il y a de plus
horrible au monde, quand l'on reste et que tous ceux que l'on aime
partent. C'est votre force. Être brisée mais se relever,
reconstruire sa vie toujours, aussi loin que nous porte le temps.
Je vous ai aperçu à la
télévision il y a quelques semaines. Vous aviez été invitée à
une émission présentée par Christophe Dechavanne. Il n'y tient
plus et vous demande de manière un peu osée de retirer votre
chignon, de laisser tomber vos cheveux. Vous vous exécutez. Sans
paraître offensée, sans être choquée, vous avez le sourire.
Décidément Simone vous ne cesserez jamais de m'étonner.
J'imagine que vous avez
été aussi une amie, une confidente, un espoir ou encore comme vous
l'êtes pour moi, un modèle. Ma grande inspiration. Quand j'entends
parler de vous, je souris car Simone Veil est synonyme d'amie. J'ai
appris aujourd'hui que vous alliez rentrer au Panthéon. Vous serez
la cinquième femme a y reposer, vous êtes une des cinq plus grandes
dames de notre pays. Pour moi vous êtes la deuxième, la première
étant ma maman, elle vous admire beaucoup aussi vous savez.
Je vais bientôt conclure
cette lettre, car elle sera publique et j'ai envie de garder quelques
mots pour nous deux, car je pense que l'on se retrouvera un jour, peu
importe où, je le crois, je le sens, je le sais.
A jamais dans mes pensées,
Reposez en paix,
Gabrielle.
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