Chronique 80 : Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell

Publié en 1936 (édition 1991) - Gallimard - 1407 pages 

La quatrième de couverture : En Georgie, en 1861, Scarlett O'Hara est une jeune femme fière et volontaire de la haute société sudiste. Courtisée par tous les bons partis du pays, elle n'a d'yeux que pour Ashley Wilkes malgré ses fiançailles avec sa douce et timide cousine, Melanie Hamilton. Scarlett est pourtant bien décidée à le faire changer d'avis, mais à la réception des Douze Chênes c'est du cynique Rhett Butler qu'elle retient l'attention. C'est alors que la guerre de Sécession éclate bouleversant leurs vies à jamais...

Mon avis : Comment parler de ce livre ? c'est difficile, tellement il y a de choses à dire, tellement il est riche.

"J'avais raison de ne plus vouloir regarder derrière moi. On souffre trop, ça déchire le cœur et c'est fini, on n'a plus que la force de regarder derrière soi." Scarlett.

J'ai d'abord envie d'évoquer ma surprise. Quand j'ai ouvert le livre je ne m'attendais pas à cela, le roman et le film sont reconnus pour avoir mis en scène "la plus belle histoire d'amour", et à vrai dire, je l'ai trouvé si tragique ! Alors peut-être que ce trouve ici la beauté; dans la tristesse, dans le "contre temps" comme l'ont formulé les critiques. Commençons alors par parler de cette romance entre le rebelle Rhett Butler et la colérique Scarlett O'Hara. J'avais l'impression que dès les premières lignes le destin tragique de cette histoire était écrit. Pardonnez ce dévoilement de l'intrigue, mais je n'ai pas envie de bercer vos illusions, cette histoire comme son contexte, est d'une grande tristesse ! 

Scarlett est un personnage auquel je me suis attachée. Même si on se ressemble si peu elle et moi, j'ai aimé suivre sa vie, le chemin qu'elle tente de se frayer dans un monde qui est en train de s'écrouler. Elle a beaucoup de défauts (plus que de qualités), elle est égoïste et orgueilleuse, et je comprends qu'on puisse ne pas l'apprécier, voir la détester, mais elle est le personnage qui porte le roman. Tout l'histoire tourne autour d'elle, comme elle tente dans le livre d'y faire tourner le monde. C'est une femme qui ne vit pas à la bonne époque, elle veut s'affranchir des règles qui lui sont imposées, elle rêve d'indépendance ! En somme, c'est un personnage qui serait beaucoup plus épanouie aujourd'hui. Dans la dernière partie du roman elle m'a exaspéré par sa méchanceté je l'avoue, mais dans les dernières lignes j'ai été prise d'une telle pitié pour elle que j'essaie de me souvenir de ses bons côtés. 

Rhett Butler est le personnage pour lequel j'ai eu un coup de cœur. Victime des commérages, paria des siens, il s'est relevé, s'est élevé dans la société et inspire la jalousie par sa réussite pas très très honnête (il le dit lui-même). Mais ce que j'ai le plus aimé chez lui, c'est son amour pour son "chou", Scarlett l'indomptable, qui est presque inébranlable. Sans vouloir l'avouer, il va l'aimer comme aucun homme ne peut plus aimer une femme. Il est toujours là pour elle, même quand elle ne s'en aperçoit pas. 
J'ai aussi beaucoup aimé Mélanie, la belle-soeur de Scarlett qui est la douceur, la bonté et la gentillesse incarnées. Son caractère équilibre celui de Scarlett. 

"J'en prends Dieu à témoin, j'en prends Dieu à témoin, les Yankees ne m'auront pas. Je tiendrai bon, et, quand j'aurai surmonté tout cela, je n'aurai plus jamais le ventre creux. Non, ni moi ni les miens. Même si je dois voler ou tuer, tant pis, j'en prends Dieu à témoin, je n'aurai plus jamais le ventre creux." Scarlett. 

L'histoire se dessine sur fond de guerre de Sécession. Longtemps j'ai cru comme beaucoup je pense, que les gentils du nord avaient livré bataille aux méchants esclavagistes du sud. Autant en emporte le vent à tout remis en question pour moi. Cette guerre a mis fin au monde sudiste et à tout ce que cela signifiait pour ses habitants.  

Le roman débute avec le début de la guerre en 1861 puis se poursuit après la fin (1865) pendant la reconstruction et la domination des étasuniens du nord sur les sudistes. C'est avec les yeux de Scarlett que l'on suit ces événements, au début indifférente à la guerre qu'elle pense brève, elle va peu à peu y être au cœur.  

"Car c'est la seule chose au monde qui dure ... et pour tous ceux qui ont une goutte de sang irlandais dans les veines, la terre sur laquelle ils vivent est comme leur mère ... c'est la seule chose pour laquelle cela vaille la peine de travailler, de lutter et de mourir." M.O'Hara à Scarlett. 

J'ai tout aimé dans ce livre, comme je viens de le dire je me suis passionnée pour le contexte, j'ai adoré les personnages mais j'ai aussi été touché par tous les sujets abordés. Mais deux sujets ressortent et qui ont résonné d'une manière si forte pour moi: l'amour et la mort. La mort plane tout au long du roman, Scarlett va perdre beaucoup de proches, et j'ai trouvé très intéressant la manière dont l'auteur amené les différentes réactions de Scarlett face aux épreuves. Quant à l'amour, il survole aussi tout le livre, il est abordé d'une manière si originale mais si triste. C'est un amour fort mais gâché. Gâché, car comme le dit Rhett, "Allons, fit-il, j'ai l'impression que nous avons joué à cache-cache." Ainsi comme je l'ai dit plus tôt c'est peut-être ce qui rend belle cette histoire, c'est qu'elle n'a jamais vraiment pu s'épanouir, s'assouvir. 

En écrivant cette chronique, les larmes me montent aux yeux, j'ai relu les dernières pages et j'en conclu que c'est l'histoire la plus triste que j'ai lu. Malgré ou peut-être au contraire grâce à cela j'aimerai que vous plongiez dans Autant en emporte le vent et que vous soyez aussi bouleversés que je l'ai été. 

"Vous êtes si dure avec ceux qui vous aiment, Scarlett. Vous prenez leur amour et vous le brandissez comme un fouet au-dessus de leur tête." Rhett à Scarlett. 

Ma note : immense coup de coeur !