Chronique 67 : Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig

1927 - Stock - 106 pages 


La quatrième de couverture : Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l'ombre, n'attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d'un enfant, symbole de cet amour que le temps n'a pas su effacer ni entamer. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d'une femme qui se meurt doucement, sans s'apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu'elle admire plus que tout. 


Mon avis : Il s'agit de la troisième nouvelles de l'auteur que je lis, j'ai déjà découvert Vingt-quatre heures de la vie d'une femme et Le joueur d'échecs (que j'avais beaucoup aimé). Mais Lettre d'une inconnue est de loin ma préférée, j'ai été profondément bouleversée par ce récit. Dès les premières lignes on perçoit que c'est une histoire d'amour condamnée et l'autrice de cette lettre nous raconte toute son histoire, toute sa vie, qui n'a cessé de tourner au tour d'un seul homme. 

J'ai lu cette nouvelle comme un testament, c'est d'ailleurs un peu ce qu'elle est. L'inconnue décrit comment cet écrivain a bouleversé sa vie, comment il l'a changé à jamais et pourquoi il n'y a pu avoir de retour en arrière. Toute sa vie elle n'a vécu que pour lui, elle a bâti sa vie autour de lui, et elle décide d'y mettre fin quand la seule chose qu'elle possédait de cet amour disparaît. C'est une lecture très triste, car à de nombreuses occasions on attend à ce que cet homme reconnaisse la petite fille, puis la jeune femme, mais à aucun moment il ne se souvient d'elle, alors qu'il a partagé des moments intimes avec cette inconnue. A aucun moment il ne va reconnaître les traits de son visage, les courbes de son corps, sa voix, son odeur, jamais.

"C'est à toi seul que je veux m'adresser; c'est à toi que, pour la première fois, je dirai tout; tu connaîtras toute ma vie, qui a toujours été à toi et dont tu n'as jamais rien su. Mais tu connaîtras mon secret que lorsque je serai morte, quand tu n'auras plus à me répondre"

"Tu levas les yeux sur moi avec étonnement. Je te regardai fixement. "Reconnais-moi, reconnais-moi enfin!" criait mon regard."

"Mais qu'es-tu pour moi, toi qui jamais ne me reconnais, toi qui passes à côté de moi comme on passe au bord de l'eau, toi qui marches sur moi comme sur une pierre, toi qui toujours vas, qui toujours poursuis sa route et me laisses dans l'attente éternelle?"

Comme toujours, Stefan Zweig décrit à la perfection les sentiments humains, il connait les femmes, il connait les hommes et sait écrire sur eux. Il fait de l'oublie, à travers cette nouvelle, le pire sentiment que l'on puisse ressentir. 

Lettre d'une inconnue se lit très vite, mais on en ressort retourné, ému par le côté tragique, fataliste de cette histoire. Je la recommande vivement. 


Ma note : 18/20 sublime

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