Chronique 64 : Du domaine des Murmures de Carole Martinez

2011 - Folio (Gallimard) - 226  pages

La quatrième de couverture : En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son voeu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe... Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. 


Mon avis : C'est le premier roman de l'auteure que je lis. Carole Martinez est aussi connue pour ses romans La Terre qui penche et Le coeur cousu. Après avoir découvert Du domaine des Murmures, j'ai envie de dévorer tous ses écrits. 

J'ai envie d'abord de vous parler de son écriture qui m'a conquise. Si je devais la décrire en un mot, je la qualifierai de douce. Voici un extrait du prologue :

"On gagne le château des Murmures par le nord. Il faut connaître le pays pour s'engager dans le chemin qui perce la forêt épaisse depuis la Dame Verte. Cette plaie entre les arbres, des générations d'hommes l'ont entretenue comme feu, coupant les branches à mesure qu'elles repoussaient, luttant sans cesse pour empêcher que la masse des bois ne se refermât."

Toujours dans la thématique de l'écriture, j'ai bien aimé que la narratrice, Esclarmonde, nous tutoie. Cela créé une proximité, on est mis dans la confidence, on a l'impression qu'elle nous chuchote à l'oreille son récit :

"Entre dans l'eau sombre, coule-toi dans mes contes, laisse mon verbe t'entraîner par des sentes et des goulets qu'aucun vivant n'a encore empruntés."

"Certes ton époque n'enferme plus si facilement les jeunes filles, mais ne te crois pas pour autant à l'abri de la folie des hommes." 

Pour parler un peu plus de l'histoire, je l'ai trouvé poignante, je dirai même triste. L'histoire d'Esclarmonde nous touche au plus profond de nous-même, elle ne nous lâche pas durant notre lecture ni même quand on referme le livre, on y pense encore après. C'est un roman qui au-delà de l’héroïne, nous montre le statut de la femme médiéviste, qui est réduit à néant. Il y a des moments où enfermé dans son tombeau, Esclarmonde divague entre rêves et réalité, elle nous transporte sur la Terre sainte où les Croisés tente de récupérer Jérusalem.
C'était très intéressent de faire un plongeon au milieu du Moyen-Age, au temps où les cathédrales s'élancent vers le ciel, au temps des grandes Croisades.

Pour conclure, j'ai passé d'agréables moments de lecture, j'ai passé quelques jours au XIIème siècle, en compagnie d'une femme extrêmement courageuse qui m'a tiré les larmes quand j'ai refermé ce livre. Je conseille bien évidemment ce roman, si vous voulez découvrir la vie des femmes au Moyen-Age, et plus spécifiquement celle des recluses, qui est assez méconnue. 



Ma note : 18/20

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