Chronique 59 : D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan

2016 - Le Livre de Poche - 380 pages 

La quatrième de couverture : "Encore aujourd hui, il m est difficile d expliquer comment notre relation s est développée si rapidement, et de quelle manière L. a pu, en l espace de quelques mois, occuper une place dans ma vie.

L. exerçait sur moi une véritable fascination.

L. m étonnait, m amusait, m intriguait. M intimidait. (...) L. exerçait sur moi une douce emprise, intime et troublante, dont j ignorais la cause et la portée."

Mon avis : C'est le premier livre de Delphine de Vigan que je lis. Dans ma Pal se trouve Rien ne s'oppose à la nuit, mais je dois dire que je n'ai pas encore eu l'occasion de le sortir.

C'est donc avec un regard neuf, sans aucune attente ou préjugé que j'ai lu D'après une histoire vraie.

La première chose que j'ai envie de dire, c'est la sensation de malaise, d'angoisse, presque d'opressement que l'on ressent à la lecture de ce roman. Dès les premières lignes, la narratrice nous met en garde sur la suite de l'histoire, son côté fataliste. Nous, lecteurs, ne sommes alors pas dupes et nous commençons le récit en sachant déjà la relation destructrice que va entretenir Delphine.

L. comme elle est prénommée dans le livre, va s’immiscer au plus profond de la vie de Delphine jusqu'à la contrôler. Si au début elle paraît vouloir devenir amie avec elle, l'aider, elle va par la suite montrer son côté plus sombre et ses intentions ne seront plus implicites.

Comme je l'ai dit un peu plus tôt, j'ai été angoissée pendant ma lecture, pour Delphine, mais aussi pour moi. Ce que vit la narratrice, tout le monde peut le vivre : rencontrer une personne avec qui le courant passe immédiatement, se trouver beaucoup de points communs, et faire rentrer cette personne peu à peu dans sa vie... Delphine, pas seulement au début mais pendant plusieurs années ne voit pas le mal venir dans cette relation. C'est de ce côté que j'ai trouvé le roman oppressant, nous savons ce qu'il va en découler de cette relation mais pas la narratrice, et nous la regardons peu à peu sombrer, sans pouvoir l'aider. C'est une intrigue digne d'un thriller.

J'ai trouver la fin frustrante. J'aurai aimé en savoir plus, mais d'un autre côté, on est mis à la place de Delphine. Il n'y a pas de fin héroïque, justicière, juste la fin d'un épisode d'une vie.

Au delà de cette relation destructrice, il y a une sorte de morale liée à l'écriture. Tout au long de l'histoire, il y a un débat entre la fiction et la réalité, ce que préfère le lecteur etc... C'est autour de cette question que la narratrice, Delphine, va malgré elle être confrontée.

De plus, tout au long de notre lecture on ne peut s’empêcher de trouver des similitudes entre notre narratrice, Delphine et l'auteur Delphine de Vigan. Même nom, profession, physique, compagnon … Delphine de Vigan a vraiment voulu pousser sa réflexion jusqu'au bout.

Le lecteur est entraîné dans un tourbillon mêlant fiction et réalité.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Delphine de Vigan, je l'ai trouvé douce, poétique, vraie. Voici quelques citations que j'ai relevé : 

"A cet instant précis, j'ai pensé cela : de certains mots, de certains regards, on ne guérit pas. Malgré le temps passé, malgré la douceur d'autres mots et d'autres regards."

"Est-ce que chacun de nous a ressenti cela au moins une fois dans sa vie, la tentation du saccage ? Ce vertige soudain - tout détruire, tout anéantir, tout pulvériser - parce qu'il suffirait de quelques mots biens choisis, bien affûtés, bien aiguisés, des mots venus d'on ne sait où, des mots qui blessent, qui font mouche, irrémédiables, qu'on ne peut pas effacer. Est-ce que que chacun de nous a ressenti cela au moins une fois, cette rage étrange, sourde, destructrice, parce qu'il suffirait de si peu de choses, finalement, pour que tout soit dévasté ?"

Il est temps de conclure. Pour résumé je dirais que j'ai passé d’agréables moments de lecture et que ce livre ne m'a pas lâché pendant trois jours. Même après l'avoir refermé, mes pensées sont restés dans les mots de Delphine de Vigan un petit moment. Je recommande cette lecture.  

Ma note : 17/20